Dans l’espace laissé vacant par l’exposition Pierre Huyghe, un groupe de danseurs s’agite. Ils reproduisent les gestes et les performances d’un programme élaboré comme une histoire du médium. Leurs interventions sont ponctuées par des titres, des dates et des lieux qu’ils énoncent, tels des chapitres, entre chaque actualisation. C’est ainsi que l’on peut traverser le programme comme on ouvre une somme à une page quelconque et qu’on se laisse entrainer par le débit de l’histoire, puis le laisse, tout en pouvant le reprendre ailleurs avec le même plaisir.

Dans les intervalles, il est possible de se plonger dans la documentation relative à l’expérience Furkart. Entre 1983 et 1999, ce projet fut un espace de liberté et d’exigence artistique. Là encore, l’art n’était pas une forme, mais une dynamique. La petite salle n’expose donc pas d’œuvres, mais elle désigne les artistes qui y ont participés, elle souligne les possibilités et revitalise l’envie qui en était le cœur. Seul le travail de Remy Zaugg bénéficie d’une salle où est il montré. Cela permet de comprendre les ramifications qu’a données Furkart, et de ne surtout pas l’arrêter à des chiffres ou à une liste d’interventions et d’intervenants. La richesse et la générosité du projet sont justement de ne pas être un livre, mais une histoire orale qui se partage et s’amplifie.

Plus loin, la projection d’un documentaire d’Olaf Nicolai, Rodakis, s’attarde autour d’une maison construite sur une île grecque, une icône pré-moderniste carrefour de références et de légendes ; mais, aujourd’hui, en ruine, elle n’est plus que bruits de cigales et terre blanchie par le soleil. L’artiste en raconte l’histoire, une histoire qui devient contemplation et met l’observateur dans la position de se plonger dans la douceur et la chaleur. Dans tout cela, aucune ironie – ni malice ni suspicion –, la vidéo n’est présentée que pour donner une forme à quelque chose d’important. Et de même que les danseurs continuent à danser même sans que personne ne soit là pour les voir faire, qu’ainsi les gestes perdurent et se donnent, les visiteurs peuvent prendre le temps de comprendre et de faire leurs les questions et les réponses qu’a rassemblées cette édition du Nouveau Festival.