Rendez-vous 13, présenté à l’IAC de Villeurbanne, a l’excellente franchise de choisir ses artistes et ses commissaires, non pas selon une logique d’exposition, mais d’exploration. Point donc d’avant-propos fumeux.

La première salle est consacrée au travail de Guillaume Louot. Il porte sur la réduction de la peinture à des signes et des informations strictement contrôlés à l’intersection d’un propos succinct et d’un espace déterminé. PR-INTER (273) Baader Meinhof est donc la mise en forme in situ des gabarits de la voiture utilisée par la bande à Baader. Les murs sont recouverts de rectangles vert bouteille (couleur d’ailleurs assez proche de celle des vieux tableaux de classe qui devaient peupler l’ancienne école qui accueille aujourd’hui l’IAC – anecdote amusante parce que l’on ne sait pas dans quelle mesure cette digression bavarde, et donc antinomique à la démarche de l’artiste, était voulue de lui). La rationalisation des informations est parfaite, la logique picturale BMPT revendiquée par Guillaume Louot admirablement bien maîtrisée, la preuve en est, bien longtemps après la visite, les dimensions de cette première pièce reviennent à l’esprit sans difficultés.

Le travail de Nelly Monnier implique, lui, clairement l’artiste comme narrateur. Ses œuvres mêlent petites histoires et images figées, le tout contenu dans un espace restreint où chaque élément peut rapprocher d’un geste ou d’un regard sans avoir à se déplacer. Elle y propose d’abord une peinture, un paysage vert de gris, comprenant un train et une maison écrasée. À côté trois textes, un sur un homme dans sa voiture, l’autre sur un incident provoqué par un éboulement, le dernier sur une fille qui danse. À partir de là se tissent tous seuls plusieurs récits riches de leurs interpénétrations, un peu à la manière des Contes de ma mère l’Oye de Perrault, où, partant bien souvent de schémas très semblables, il parvient à des morales toutes différentes mais se répondant avec astuce.

Vient ensuite, Utérus man de Lu Yang, qui, sous couvert de manga se rend coupable de la plus fascinante et délectable des métamorphoses.

Beaucoup plus formelles, les sculptures de Nicolas Momein, regroupées dans un espace sciemment trop petit pour elles, sont des monolithes sur lesquels a été pulvérisée de la laine grise identique à du papier mâché. Il y a dans ce revêtement une texture qui ici encore évoque le passé scolaire du bâtiment, puisqu’à bien y regarder, à maints égards, il s’avère  semblable à celui qui l’on fabrique à l’usage des sarbacanes artisanales si rependues dans les cours d’écoles. Les objets de Nicolas Momein en sont totalement recouverts et, rassemblés dans leur réduit, ils ressemblent à d’excessifs punis.