La galerie Odile Ouizeman présente les travaux de Guillaume Cabantous. Celui-ci emprunte ses matériaux aux domaines de l’industrie. Pare-brise, tubes en acier, crochets et cordes de tractions sont ici mis en service de manière magistrale.

Vue de l’extérieur, l’exposition semble être issue du télescopage d’une mission d’alpinisme et d’une course automobile. Pourtant ces objets sont arrêtés, leur immobilité semble même s’imposer d’improbables postures élégantes. Les éléments s’accordent entre eux à la manière d’une cérémonie. Les crochets polis transpercent le verre et pendent. Les cordes tendues relient implacablement le regard du spectateur aux murs et aux anneaux auxquels elles sont rivées. Les pare-brise de verre, pliés ou suspendus, comme des torchons en train de sécher, opposent un aspect de velours vert d’eau à une texture hérissée.

Quelques dessins tentent de signifier au visiteur que tout ceci n’est pas arrivé par hasard. Mais la relation que ce travail induit avec nos corps se passe aisément d’indication, tant la cristallisation des formes applique au spectateur les mêmes brisures et frissons que ceux qui recouvrent les surfaces de verre.

Il y a quelque chose de nerveux dans les œuvres de cet artiste. Les associations qu’il opère retiennent durablement l’esprit à la manière du crissement d’une craie sur un tableau noir. Peut-être est-ce la vue du verre, peut-être le goût de l’artiste pour les formes comprimées, ou encore la crudité de la lumière sous laquelle les œuvres nous sont livrées. Peu importe. Il y a quelque chose d’absolument pas factice dans le regard que l’on pose sur ces œuvres, il n’y a rien d’aussi rare.