Le photographe Éric Poitevin présente ses travaux récents. Pour cette seconde exposition dans la galerie Nelson-Freeman, l’artiste propose des portraits et des natures mortes en plus des paysages froids et vert de gris qu’on lui connaît.

Au rez-de-chaussée : des crânes et des corps ; ainsi que deux natures mortes, un agneau et un congre que le communiqué de presse aura eu vite fait de rapprocher de célèbres prédécéssrices. On y trouve aussi des nus, des hommes droits, de grosses femmes et d’autres habillées, des enfants,  des espaces vidées, un peu de tout dirons-nous. Le photographe semble avoir eu à cœur de s’éparpiller, et tente de slalomer entre les poncifs du genre. Pourtant la présence des crânes pointent bel et bien le désir de séduction sous-jacent à toute exposition en galerie.

À l’étage, une suite de cinq paysages couvre tout un pan de mur. Ils représentent des chemins forestiers. Il semble que l’on ne les ait pas nettoyés depuis au moins une année. En jachères, envahis de végétaux, de feuilles et d’herbes, ces couloirs deviennent de fabuleux terrains de jeux pour enfant. Pourtant leur tracé droit et rectiligne indique une direction au lointain. Rien que l’on ne puisse discerner mais qui pourtant pointe en haut des photographies.

En vis-à-vis se trouvent deux photographies formées de deux panneaux chacune. Il s’agit d’arbres sous la neige, dont les branches zèbrent l’espace de leurs graphies. La composition de ces images apparaît d’autant plus qu’elle est barrée verticalement par l’espace qui sépare chaque panneau. Ces arbres ne sont alors plus des symboles paysagers du romantisme, mais des signes dans une photographie.

Dans son travail l’artiste a la courtoisie de ne pas être trop bavard. Face aux images gavées de références et à l’hyper polysémie revendiquée, Éric Poitevin produit des images simples et qui ne s’agitent pas. Ici, rien n’empêche alors le spectateur de voir un arbre quand il est face à une photo qui en montre un.