En portant un premier regard sur les œuvres de Julien Pacaud, l’image d’une grande paire de ciseaux méticuleuse apparaît à l’esprit. On jurerait qu’il s’agit de collages. Pourtant, en s’approchant, on s’aperçoit que ce sont des tirages numériques et que tout ce qui avait si naïvement semblé être un art de l’association s’avère être une tromperie pour l’œil. Les images réutilisées par l’artiste baignent dans des espaces virtuels où les soleils couchant sont aussi factices que les gestuelles sont empruntées. Julien Pacaud ne se contente pas de faire se rencontrer la truite et le lapin pour le plaisir de l’incongruité et de la rêverie. Ces rêveries, il les transpose dans des espaces qu’il construit lui-même, numériques, lisses, impeccables et séduisants, ce sont autant de cages dorées pour appâter nos fantasmes.

L’artiste rythme ses images par des architectures très géométriques qui, tantôt paraissent tangibles, tantôt complètement irréelles. En elles, plusieurs plans se coupent pour créer des repères spatiaux et, à leurs intersections, des paysages vieillis, jaunis et agréablement désuets servent de scènes pour des prestidigitateurs tirant à la carabine, faisant de la gymnastique ou tapant à la machine. Ces personnages issus d’un imaginaire propre à l’iconographie des débuts de la photographie – le xixe dandy et industrieux, le xxe constructiviste et productif – s’appliquent méthodiquement à leurs taches sans se soucier du vide parfois vertigineux qui les entourent.

On croise de tout dans ces compositions. Ici, d’antiques bicyclettes, ailleurs une barque, une échelle, il y a aussi des visages à demi englouti, comme dans One million years trip, où ils flottent tels des formations géologiques à la dérive.

À la manière de l’astrologie, la mer, le ciel, les étoiles et les planètes ont une place importante dans les constructions de Julien Pacaud, le plus souvent ce sont en eux qu’il insère la possible réalité à laquelle nous tentons de croire.