Ce sont des œuvres à déplier. Des œuvres qui, rangées, tiennent dans une pochette A4, mais une fois déployées remplissent tout un mur. Elles ont été réalisées sur un papier très fin qui a jauni très vite. Suspendus aux murs ces lés clairs s’épanouissent verticalement et pendent, côte à côte, pour décrire de grands rectangles. Leur teinte passée comme du vieux papier peint bon marché leur confère une certaine fragilité en même temps qu’elle introduit dans les lieux qui les présentent l’aura d’une feuillure mémorielle sauvée du temps et des eaux. D’antiques traces d’agrafes restent visibles, régulièrement réparties à la jonction des feuilles telles les marques de stigmates anciens. À présent, leur usage a été remplacé par des aimants.

Répondant aux horizontales de l’artiste, les plis du papier scandent en cascade une ondulation propre à celle du papier accordéon que noircissent les machines médicales. On y lit un pouls, une tension, un va-et-vient que rien ne doit arrêter. Or chez Michel Parmentier les tracés ne comportent aucune crête ni aucun creux, mais ils bourdonnent.

La plupart de ces bandes à la craie blanche ou à la mine de plomb qui parcourent horizontalement les quadrilatères sont hautes d’une trentaine de centimètres ; d’autres, plus fines, semblent avoir été tracées du bout des doigts. De par leur silence, il y a quelque chose dans leur caractère frustre et déterminé qui leur confère la présence des peintures pariétales. Bien qu’extrêmement calmes, ces traces conservent la vivacité du geste de l’artiste. Les mouvements de son coude et de son poignet, tout autant que la position inconfortable qui fut la sienne sont sensibles pour qui se rapproche à moins d’un mètre. Au-delà, les dessins replongent dans un mutisme somnolant, comme s’ils fermaient les yeux et, à mesure que l’on s’en éloigne, s’enfonçaient dans le mur.