Sur chacun des murs ont été suspendues de grandes toiles de coton noir. Des toiles épaisses, faites pour résister à l’usage et la manipulation. D’un peu partout en dépassent des sangles s’apparentant à des poignées de transport. Elles aussi pendent, suspendues comme si elles avaient été mises à sécher dans un hangar pour ne pas brûler au soleil et conserver la souplesse du noir très uniforme qui les caractérisent.

À présent, elles sont parfaitement sèches et lisses. Aucun pli ne vient en marquer la surface. Reste l’odeur du sel rôde, qui enlace et délasse les fibres. On les devine lourdes, pesantes, probablement doublées.

Il semble bien que ces pièces de tissus soient constituées de deux morceaux identiques cousus ensemble de manière à former une housse. La housse d’une voile ; voiles quadrangulaires pour des gréements au tiers, à corne ou à livarde. Étrangement tout indique que ces housses soient faites pour être déplacées à plat et non roulées ou pliées. Leur transport implique ainsi un cérémoniel pour lequel la participation de cinq, voire six personnes est requise. On devienne à l’envergure du convoi la nécessité d’une coordination très précise entre les porteurs rendant chacun des mouvements particulièrement délicats. À ces mouvements correspondent, peut-être, les marquages à la craie dont le sol de la galerie est ponctuellement recouvert. Ces derniers sont constitués de formes rectangulaires rayées, superposées selon un angle différent à chaque fois. Elles indiquent le modèle de translation à suivre pour chaque voile. Il suffit de le répéter et de le combiner pour organiser le comportement des porteurs. Tout est idéalement préparé. Pourtant, l’immobilité des tissus, leur lourde présence où se perd la lumière de la pièce impose le renoncement. La mer est si loin.