Peut-être est-ce une illusion, peut-être a-t-on pénétré sous une toile de tente. Zig-zag composition de Farah Atassi est entièrement faite d’un éclatement de losanges et de triangles orange et beige. Elle les a agencés selon un ordre qui trouve une logique presque paisible quand on l’observe dans sa globalité mais qui se transforme en dédale chargé de bourrasques du moment que l’on commence à vouloir arpenter du regard le recoins et les volumes de cet abri de camping. L’espace n’est pas franc, y pénétrer c’est le faire disparaître. En outre il contient sept objets ; sept totems géométriques de tailles variables rassemblés au centre de l’étroit espace pyramidal. Ce sont eux qui donnent sa stabilité à l’ensemble. Leur présence stoïque rassure quant à se solidité face à l’ébranlement dont elle subit l’assaut.

Si le vertige reste chez Farah Atassi un moment de la compréhension de l’espace, il s’emporte franchement dans le travail de Jim Isermann. Chez lui le plan du tableau devient un rouleau compresseur dans lequel sont happés puis hachés les objets et leur désir d’exister en tant que forme tangible. Ce processus produit une multitude de petits tessons ajustés, remplissant tout l’espace d’une présence rabattue et définitivement plaqué à la surface bidimensionnelle du mur. On s’y cogne après avoir perdu pied.

Dans les composition de Gebran Tarazi la franchisse du découpage normalisé du réel se fait élégant. Bordées de liserés les formes s’agencent comme des danseurs et semblent vibrer. Mais ce sont des danseurs géomètres. Des danseurs pétris de mathématiques et d’un goût prononcé pour l’ordre, le rythme et les répétitions.

Victor Vasarely pousse le processus à son terme. Ce n’est plus l’artiste qui compose ou décompose l’espace cézannien, ce sont les possesseurs de son Planetary Folklore participation No 2 qui s’empare de cette action. À eux d’envisager l’espace uniquement en fonction d’éléments rationnels : le cercle, le carré, la forme du cercle, la forme du carré, puis les couleurs, selon leurs complémentaires et leurs déclinaisons arbitraires.