Paul Pagk peint une géométrie où rien n’est aisé. Elle n’affiche aucune évidence ni ne subit la tentation d’exhiber outrancièrement l’âpreté du rapport à la peinture, à l’espace ou à la toile. Inversement, rien n’est caché. L’artiste ne triche ni dans un sens ni dans l’autre. Le travail se donne à voir pour ce qu’il est.

Cela passe par la priorité à l’action, le refus des fioritures, des effets de manche et des détours inutiles. Dans Musin’ les plages colorées ont la courbure du mouvement d’un corps adulte, celui de l’artiste. L’œuvre finie en a conservé le poids, ainsi que celui des pinceaux. Elle n’occulte pas que la peinture est avant tout une histoire de masses qu’il faut étaler et contre lesquelles il faut lutter pour en extraire des lignes et des formes. Les systèmes qu’obtient l’artiste portent en eux cette difficulté physique, mais ils s’interdisent de la raconter. Ainsi lorsque l’on s’en approche le basculement des gestes nous fait directement écho.

En architecte moderniste, Paul Pagk ne cache pas ses piliers ; il n’en fabrique pas non plus de faux. Cela tient ou cela ne tient pas, l’équilibre ne saurait être un jeu d’illusionniste. Dès lors la couleur revêt une importance toute particulière. Comme responsabilisée, elle se doit de construire et s’interdit d’habiller. L’artiste s’en sert pour fabriquer des espaces complexes dans lesquels le regard circule, guidé par les arrêtes, les coudes et les surface selon une logique de plombier non euclidien. Tout s’articule et se présente de manière fonctionnelle, sauf que la profondeur se conjugue parfois avec l’épaisseur, que selon certaines exigences le lointain est aussi accessible que le proche, ce qui, concrètement, permet d’être aspiré par la peinture tout en la sentant reposer sur nos pieds.