Œillades brutales et trop maquillées, la surenchère des sensualités dans les peintures de Florian et Michael Quistrebert est totale. Tout ce que le lexique des cagoles peut offrir à l’acte de peindre est mis à profit ; rien n’est trop beau, ni les paillettes, ni la nacre à l’excès, ni les formes si pleines qu’il est impossible d’imaginer qu’elles puissent ne pas avoir été siliconées. Les deux artistes disposent de la vulgarité comme l’on dispose de l’innocence, sans vouloir en faire trop, par envie de bien faire, presque par modestie – par politesse. En outre, les tableaux arborent invariablement de petites LED perçant l’épais gras de leur couche picturale pour y souligner un point, un creux ou une courbe, un peu à la manière dont on a pu porter la mouche au xviiie siècle. Ils sont associés à une vidéo projetant des formes mécaniques aux couleurs synthétiques qui battent une mesure de discothèque. Lumières et couleurs tournoyant frénétiquement, tournent en boucle à la manière d’un programme informatique qui aurait bogué.

Ainsi les tableaux sont répartis, suffisamment bas aux murs pour permettre à chacun de les regarder dans les yeux.

L’effet est saisissant. En plus de produire l’inverse de celui escompté, les efforts d’un sex-appeal poussé à un tel point de sophistication inquiètent. C’en est trop. Tous ces roses et ces beiges de fond de teint agressent et empâtent la bouche. Cependant, le luxe des superflus, essoufflé par la quantité des efforts qu’il déploie, se trouve dans une situation de quasi passivité face au racolage qu’il produit. L’accumulation des signaux extérieurs donne aux tableaux un vernis de fatigue, comme s’ils étaient dans l’attente d’être récompensés pour avoir mis tant de zèle à se faire beaux. Ce qui n’arrivera pas. Tout le tragique de cette situation rend ces peintures attendrissantes. Passées au casse-pipe du bon goût, elles n’ont plus rien de la gouaille vulgaire qu’elles semblaient opposer au regard honteux et horrifié des passants pudibonds que nous sommes. Elles attendent, sourient, font des clins d’œil.