La position d’Andrés Ramirez est un peu celle de l’apprenti sorcier qui se brûle les doigts, persiste et transforme en expérience ce qui aurait dû être une procédure routinière pour un ouvrier qualifié. Ses œuvres découlent de cette volonté de poursuivre bien que la situation soit d’ores et déjà irrécupérable et, souvent, sur le point de devenir catastrophique. C’est de cette catastrophe asymptotique que naît la beauté de ses pièces.

Il aurait été recruté dans une importante usine où sont mis en œuvre de nombreux procédés techniques – tous plus complexes les uns que les autres, tous plus extravagants et impressionnants – alignés le long des chaînes de montages d’où sortent assemblés, des habitacles et tout un tas de formes embouties. Contraint d’agir, Andrés Ramirez  s’y applique et finit irrémédiablement par en distordre les procédures, créant des erreurs manifestes dans la production.

Là où l’on aurait dû obtenir des cloisons anti-statiques et de modules pour vide sanitaire, là où aurait dû être créé un espace d’isolation, apparaissent des tableaux.

Prise au milieu de structures métalliques inadéquates et presque incongrues de part la disproportion des moyens qu’elles supposent, la peinture y est l’évidence d’une erreur. Une erreur pourtant salvatrice. Sans elle, Dissolving as I speak aurait été l’état abandonné d’un bricolage trop ambitieux. Or ces surfaces rendent visibles ce que contient les vides séparant les gestes des ouvriers mécaniciens et autres tourneurs sur tôle.

Andrés Ramirez  peint à l’aveugle, au dos des plexiglass qu’il utilise comme support. Par cette manière empruntée aux pratiques industrielles il ajoute sans recouvrir, mais en remplissant les lacunes. Toutes ces actions viennent s’agglutiner sur la transparence du plexiglass, elles la bouchent, lui donnant ainsi une matérialité dont la spécificité est de n’être ni celle d’une image, ni celle d’un objet, mais celle d’une procédure.