Depuis la rue, la vitrine rayonne. On devine la chaleur créée par les néons qui illuminent la petite pièce. À peine 9m2.

Elle est occupée par un atelier de confection. Au milieu est installée une table en partie protégée par un tapis à découper à laquelle une lampe d’architecte peut apporter un éclairage d’appoint, en l’occurrence elle est éteinte. Partout ailleurs on trouve des outils : cutter, règle, crayon. Une pince maintient le travail au plan de table ; aux murs plusieurs tendeurs – dont certains sont en tension – laissent supposer que cet environnement peut parfois nécessiter l’effort musclé et maintenu d’un déséquilibre important.

Que fabrique-t-on de l’autre côté de la vitrine ? Un intense travail semble y avoir lieu, malgré le désordre l’atelier n’a pas l’air encombré, d’ailleurs, la table reste quasi nue. Les éléments les plus tangibles – des documents, sur lesquels sont imprimées des diagrammes aux formes triangulaires associées par pliages, réplications et symétrie – ne donnent aucune indication. Ces papiers posent plus de questions qu’ils ne répondent aux sollicitations de la curiosité. On trouve aussi de nombreuses maquettes découpées dans des plaques de mousse colorée. Elles ont la forme des architectures qui imitent la nature – falaises escarpées, collines. Nul doute quant à leur statut d’étapes préliminaires.

Tous les mouvements qui composent l’espace sont ordonnés avec cohérence et s’accordent pour rendre plausible l’hypothèse d’un objet qui serait en cours de fabrication, mais qui, pourtant, échappe à l’observation. C’est comme si l’objet de ce travail avait été emporté hors de son contexte pour un temps de repos. Sans lui, l’atelier est à l’arrêt. Délestés de leurs objectifs, les gestes en suspend perdent toute dimension logique. La vaisselle de Fantasia a disparu. Les montagnes de mousse, les éclaboussures, l’huile de coude et les bulles de savon chargées d’entrain, elles, volent encore comme si elles étaient affairées à la plus noble, à la plus indispensable des tâches.