Dressée devant l’entrée de la Galerie chez Valentin, Untitled (Fugue – Screen II) de Jean-Baptiste Bernadet bloque les regards par son zigzag de paravent. Les quatre panneaux aux motifs impressionnistes qui la composent isolent l’exposition de la rue en créant face à la baie vitrée une petite antichambre où rien ne se passe. L’œuvre scintille cependant.

Une fois derrière, passé comme au travers d’un prisme, le regard se plie. La seconde partie de l’exposition est à nouveaux un tout petit volume. Au dos de la paroi formée par l’œuvre de Jean-Baptiste Bernadet, les œuvres de Cécile Bart, Laurent Grasso et Nicolas Moulin, volontairement disposées proches les unes des autres, s’empêchent mutuellement d’imposer leur autonomie. Toutes cohabitent calmement, dans un état d’attente où nulle ne déploie réellement son potentiel. Le climat d’apaisement qui en résulte est accentué par l’absence de source de lumière directe. Le peu qui y parvient circule par reflets et filtres à la manière d’un murmure intimidé où chacune des œuvres tire doucement la couverture à elle, provocant en permanence le sentiment d’un rétrécissement de l’espace. Impossible d’y évoluer sans avoir l’impression de bousculer leur équilibre calfeutré. Le moindre pas en arrière écrase et tout entrain provoque l’étouffement de l’ensemble.

Inversement, la troisième salle de la galerie est spacieuse et baignée par une lumière encore plus vaste. Ici l’accrochage est repoussé par l’aspiration de clarté. L’ensemble décoratif de Patrick Saytour en est gonflé comme une voile sous grand vent. La perception de l’exposition s’achève avec les paillassons qu’Eric Baudart récolte pour en exhiber l’usure. Accrochés verticalement, chewing-gums et marques de frottages renversent le sens de l’observation de la manière la plus simple qui soit.