De 1964 à 2009, Richard Pettibone a créé une collection de poche. On y trouve des œuvres pop, Warhol en tête. Lichtenstein, Stella et Mondrian sont aussi plusieurs fois présents. Quelques autres ponctuent la ronde de ces quatre-là.

Systématiquement appliquée, la normalisation des dimensions distord les rapports d’échelle réciproques – toutes les œuvres mesurant désormais une quinzaine de centimètres en moyenne. Cette tension apaisée, chacune ayant baissé de volume et d’envergure, elles sont montrées comme de petites choses plus du tout impressionnantes.

La logique qui a présidée à leur association dans l’exposition à la Galerie Mitterrand pourrait être celle de la couleur. Leurs teintes directes rythment la ligne sur laquelle sont accrochées les peintures. À la suite les uns des autres, les petits tableaux ont l’air d’un jeu de cubes pour bébé dont on aurait remplacé les lettres et les figures par des icônes de l’art. Ici traduit, alphabet latin et têtes d’animaux conservent certaines caractéristiques formelles, voire presque éducatives ; tel un rébus l’alignement est propice aux permutations de l’esprit. Les œuvres jouent à saute-mouton et se mélangent. Si pour le moment tout est encore calme, les travaux en vue d’une édification babélienne semblent déjà avoir commencé. Au centre de la pièce, une Colonne sans fin signale cette ambition alors que certains cubes, trop pressés, se rentrent dedans. Pollock grimpe sur Stella qui, plus loin, percute Warhol, formant ainsi des œuvres hybridées, hypothétique résultats d’un fond de poche bien bousculé d’où elles sortent agglutinées, pareilles en cela aux « w », « œ » et autres « y » biscornus que l’on rencontre dans les jeux d’enfants.

Intercalées entre les peintures, se trouvent des photographies. Parfois iconiques telle la chambre de Proust, parfois plus anodines, comme la série de trains en noir et blanc. Elles agissent à la manière d’une ponctuation inversée dans l’ensemble. Car au lieu de créer des moments de vide elles insèrent des espace à la densité plus forte qu’ailleurs.