Dans l’espace blanc de la Zoo Galerie, alignés par le haut, les panneaux de contreplaqué de Simon Collet scandent les murs. De cette manière, ils semblent suspendus à un fil d’où s’égoutte en dégradé la peinture synthétique – du type de celles utilisées en carrosserie – que l’artiste y applique.

Sur leurs bases de gris, de jaune pur, de rouge ou simplement nues, s’évaporent les couleurs et ajoutent à la verticalité de l’accrochage une étrange sensation de d’apesanteur. Une aspiration, quelque chose de mécanique. Pourtant, les fondus que l’on pourrait penser automatisés sont manuels. On s’en rend compte en s’approchant. Il reste par endroits les traces du passage de la main ; défaillances à peine perceptibles, mais bien réelles, du geste qui dirige le pulvérisateur. Ces irrégularités donnent aux peintures un effet de lenteur, une illusion de densité physique construite sur la dualité entre scansion de l’espace physique et vibration de l’espace représenté.

Toute cette tension pourrait être éternellement contenue. Mais dans un coin, d’autres panneaux sont rassemblés dos à dos. Stockés comme s’ils étaient mis en réserve, et pourtant bien visibles, tout près de l’entrée. On imagine qu’ils auraient pu prendre place dans l’exposition. Or ils n’en n’ont que l’aspect potentiel. Ces peintures plus nombreuses que celles accrochées aux murs forment un tas, comme une motte de compost. Déchets, mauvaises herbes, résidus de tailles échappés de la composition finale, ils sont la part de doute de l’accrochage. Une forme possible dont rien ou presque n’est visible autre que les formats et parfois un fragment de couleur derrière les premières peintures de l’empilement. Le reste est donc à imaginer. D’autres gris certainement, des orangés et des bleus soudainement beaucoup plus mobiles dès lors que l’on envisage toutes les possibilités qu’ils représentent. Véritable force d’aspiration dans l’exposition, cette masse crée un appel d’air, chatouille tout d’abord, pour s’éventrer en un trou noir béant une fois notre attention captée.