La Nona Ora – fameuse sculpture de Maurizio Cattelan – est installée entre trois ouvertures, deux d’un côté, encadrant une Descente de croix de Charles Le Brun, une à l’opposé donnant au loin sur les Portraits de prisonnières de Yan Pei-Ming.

Sur son tapis rouge, lorsque l’on parvient à elle par l’une des portes de derrière, la sculpture apparaît telle une masse de satin d’où sortent deux mocassins marron portés sur des chaussettes blanches. Quelque part au milieu des étoffes une pierre volcanique écrase un corps – celui du Pape Jean-Paul II, littéralement éteint sous l’immobilité du rocher. Ce caillou, gros comme une brassée de fleurs des champs, semble être là depuis toujours. À l’observer on découvre qu’il commence à être recouvert de lichens rabougris, verdâtres, de ceux qui ne partagent l’espace qu’ils colonisent qu’avec la chaleur du soleil. La pierre est encore loin d’être totalement couverte. Peut-être cela arrivera un jour ; l’opiniâtreté de ces guenilles végétales prendra alors possession d’elle, avant – qui sait – de s’attaquer sous une forme ou une autre à l’entièreté de la sculpture, l’habit d’abord, la peau ensuite, et pour finir les rares cheveux du saint homme prendront la texture râpeuse des restanques pluricentenaires englouties sous la végétation sèche et revancharde de l’arrière-pays varois.

Nous en sommes très loin. Une croix fermement tenue entre les mains, le visage fermé, presque concentré, le Pape est au sol à la manière des gisants de la basilique de Saint-Denis : ni totalement affalé, ni vraiment sur le point de se relever, et pour le moment, bien entretenu.