Face à face, deux grands tableaux identiquement nommés Night line passage, arborent la même teinte bleu nuit. Tous deux sont barrés horizontalement par une lame laquée de noir. Comme un horizon elles séparent et équilibrent les tableaux. Agissent, résolues par l’artiste qui – d’un geste divin – réitère la séparation entre les cieux et les eaux. Mais pour que l’effet soit saisissant, pour que la présence physique de cette baguette ne s’érige pas en barrière, il faut s’en éloigner. S’éloigner pour que les paysages stellaires faits de nuages poudrés oscillent comme une mer couverte d’étoiles. S’éloigner et rêvasser, mais s’interdire de se retourner, au risque de se retrouver nez à nez avec la seconde toile soudainement ramenée à sa matérialité la plus brute.

Là, alors que l’on croyait succomber, que l’on vacille du vertige aisé de l’éternité, la matière réapparaît.

Sur des socles ou à même le sol, des sculptures en matériaux composites fumés et doux au regard remplissent l’intervalle que créent ces deux peintures. Telles des stèles, mais sans écritures, ces Column arrêtent le marcheur de leur autorité. Ni symétriques, ni totalement droites, et ont la stabilité des monuments érigés depuis la nuit des temps. L’irrégularité des formes et des positions signale ces présences comme étant le résultat croisé des choix immémoriaux de ceux qui les y installèrent et de l’action du sol, qui, en les accueillant, s’adapta sous leur base et prit formes et volumes spécifiques pour chacune.

Plus loin, trois disques – Circle – pareils aux grosses lentilles grossissantes des objectifs de télescope, teintés de jaune, de bleu et de rose pâle, ont été positionnés sur leur tranche. De la sorte on peut aisément voir au travers : se voir au travers, et avec nous, l’éternité – encore elle – s’enfoncer dans la peinture blanche du mur de la galerie.