Insaisissable, Martin Meyenburg l’est tout autant en sa personne que dans sa production. Impalpable – belle, et surprenante comme pique une méduse sans qu’il soit possible pour celui qu’elle touche de discerner où, comment et pendant combien de temps, ses fibres ont pris contact avec sa peau – la proposition de l’artiste refuse de se dévoiler autrement que par ses effets.

Ce sont de grandes images en couleurs, des flashs enivrant que l’on ne voit vraiment qu’en une fraction de seconde ; tout le temps ensuite passé à les contempler ne fait que les éloigner de nous. De même, ceux qui chercheront à se les remémorer ne parviendront qu’à les enrober de leurs attentes et, ce faisant, les cacheront toujours un peu plus sous le reflet de leur propre visage.

Leur perception n’est pas tant un choc qu’un souffle qui englobe en un instant et disparaît celui d’après. Une connaissance et puis plus rien, comme un mot dont on ne parvient plus à se souvenir et qui pourtant semble encore tout entier contenir l’idée, claire dans notre esprit, que nous cherchons à formuler, mais pour laquelle toute forme est impossible en l’absence de ce mot. Le vertige n’a pas le temps de s’installer, pas plus que les souvenirs visuels ne parviennent à se graver dans l’esprit. Untel évoquera alors une sensation rouge, un autre parlera d’un ressenti plus froid, d’un jaune percé de verts francs et de bleus ammoniaques. Rougie par la solitude, la question de cette présence colorée est détachée de toute matérialité, on ne peut ni la posséder, ni en jouir, ni échanger avec elle autrement que par le truchement d’une schizophrénie de circonstances.

S’il était question d’images et de photographies, de la quête d’une matérialité, d’une présence tangible à laquelle on aurait voulu se confronter, l’œuvre de Martin Meyenburg aurait pu être une projection – la suspension d’un mouvement en l’air dans le faisceau duquel il aurait peut-être été possible de s’insérer. Or rien de tel ne s’est passé. Le faisceau a disparu.