Probio est une sous-partie de l’Expo 1 qui occupe tout l’espace du PS1. Elle présente les propositions les plus dérangeantes de l’exposition. Totalement dépouillés de scrupules, les artistes regroupés ici ont pour objet le cauchemar que la technologie propose à l’humanité.

Leurs travaux ne sont pas faits de grandes démonstrations ni de catastrophes, mais simplement de petites choses, de croisements et de glissements dans une technologie devenue si petite, si profondément hybridée avec la matière vivante qu’elle devient le biotope sans lequel aucune cohabitons n’est plus possible. Dans cette partie de l’exposition les stimuli rampent autour de nous comme des insectes, tels une végétation non maîtrisable croissant dans les commissures de nos vies, aussi dissemblable de nos veines, nos os et nos chairs qu’ils leurs sont désormais inséparables. Le texte d’introduction est à cet égard instructif : ces artistes ne se définissent pas comme des artistes utilisant de nouveaux médias, et ce malgré leurs usages de toutes formes de technologies de pointes, mais comme étant des Hommes neufs, en ce que la plus importante nouveauté n’est pas portée par les médias en soi, mais révélée par les changements qu’ils induisent dans leur vie et dans leur corps.

Au sol de l’espace circulent des aspirateurs automatiques conçus par le collectif DIS et baptisés Ifeel. Ils vont et viennent discrètement, récupérant les poussières, les cheveux et les cellules mortes sans que l’on sache ce qu’il sera fait de ces résidus. Libre à chacun d’imaginer ce qu’il veut, mais il est presque inévitable de ne pas être influencé par le découvrent des gros diamants épidermiques de Dina Chang. Ces Flesh Diamonds sont recouverts de peau humaine d’où s’extraient, telles des mauvaises herbes, des poils hirsutes. Plus loin, Ian Cheng a crée un vivarium. Abax Siluria est occupé par des téléphones, un écran de télévision et un vibromasseur gigotant dans l’eau, tous posés sur le banc de sable blanc qui recouvre le fond de cet habitat électronique. Les appareils sont alimentés et branchés entre eux par des câbles électriques que l’on voit s’extraire de partout pour aller s’enfoncer dans les murs et le sol avoisinant.

Le réseau global dont nous prenons conscience devient omniprésent, l’espace d’un instant on songe à fermer sa connexion wifi, s’enfuir dans la forêt et disparaître. Mais là encore d’autre êtres grouillants nous attendraient, peut-être 100% organiques, peut-être même pas.