Au milieu d’une rue piétonne, encadrée de fast-foods, de commerces et de terrasses ombragées par les logos de grandes marques de sodas, la Galerie Likovna propose une expérience.

C’est une expérience comme aucun des espaces alentour n’en offre et qui pourtant démarre comme toutes celles-ci par une grande baie vitrée. Vitrine qui donne sur une première salle, presque entièrement blanche et nue, où se tient assis un gardien. Seule une boite à la lettre dorée est accrochée au mur ; à sa surface on peut lire en creux MAIL. À ce point, plus un des bruits extérieurs de ne parvient, seule une petite musique enfantine est audible. Elle arrive depuis un couloir que les visiteurs sont appelés à emprunter. Ce couloir est ouvert sur plusieurs pièces desquelles il est séparé par un cordon de sécurité, comme dans les musées d’arts décoratifs. La première pièce est la reconstitution d’un salon – sans télé – occupé par des meubles de taille enfantine auxquels leur facture de carton peint donne un air de décors pour comédie musicale d’école primaire. On y rencontre une banquette, une lampe à large abat-jour, un buffet d’où sort un petit train, un miroir et un sapin désodorisant géant. La seconde pièce est une cuisine où un calendrier à peine lisible indique 1976. Nous sommes revenus presque 40 ans en arrière. La troisième pièce est une chambre, probablement féminine eu égard à la paire de bottes qui traine au sol. Puis vient une salle de bain, un bureau et, tout au fond, la vidéo d’ou provient la petite musique que l’entend depuis le début de la visite. On y revoit les salles traversées, leurs meubles factices, tous ces petits objets qui une fois vus à petite échelle apparaissent immédiatement comme étant ceux d’une de maison de poupée et à laquelle la vidéo rend une dimension normale.

Ainsi, en faisant demi-tour, repassant une à une les pièces, on comprend qu’elles ne sont que des reconstitutions des salles montrées dans la vidéo, celles-ci, et donc la maison de poupée tout entière, préexistent à l’installation. On comprend alors les objets sous un autre œil, leurs défauts, leurs formes grossières ne sont pas dus à une maladresse de l’artiste, tout au contraire ils sont la retranscription exacte de ceux que l’on fabrique réduits pour y loger les rêves des petites filles.