L’exposition de Michel Quarez à la Galerie Semiose rassemble des peintures dont les couleurs fluo sont si vives que l’on pense spontanément qu’elles ont été réalisées le matin même. Comme si l’artiste avait attendu la panique et l’exubérance des instants où l’on joue le tout pour le tout pour faire exploser toutes les images qu’il avait en tête. Évidemment il n’en est rien, ces travaux s’étalent sur près de vingt ans.

D’ailleurs, rien n’est tout à fait fortuit dans ces peintures. Le frisson coloré qui les parcoure mêle savamment vigueur et sobriété, illustration et coups d’éponges. Dans certaines œuvres, on a même l’impression que l’artiste part à la rencontre de schémas artistiques connus. Par de petit tic picturaux il parvient à créer des échos dans l’œil de l’observateur, sorte de mini commentaires dans l’œuvre qui soufflent à l’observateur des clés de lecture. Toutefois, celles-ci ne s’imposent pas systématiquement tant les rapprochements paraissent parfois incongrus. Dans Gros mots, on trouve par exemple les réminiscences d’un Philip Guston sous amphétamine. Dans Dépressions ou Anticyclone, Paul Klee devient le fruit d’une signalétique systématiquement photoshopée. Il en va de même pour Picasso, qui lui apparaît directement dans le titre de l’œuvre qui l’emprunte comme si, lucide, Michel Quarez n’avait pas cherché à entrer en contact ni forcer le passage dans ces œuvres, mais qu’il avait plutôt estimé la possibilité d’un droit de réponse en marge d’un beau livre pour table basse.

Nu pile, Nu face flatte l’esthétique gay à la lisière de David Hockney et d’Alex Katz. Il s’agit d’un double portrait d’homme cadré à l’américaine. L’homme se tient de face sur la toile de droite et de dos sur celle de gauche. Il a les cheveux courts, le sourire bien blanc et la lumière vive qui illumine son corps glabre met en saillie sa musculature aussi efficacement que s’il portait autour du coup une pancarte annotée : Regardez comme je suis baraqué. Du genou aux pommettes, il est développé de partout. Pour ancrer le tout l’artiste lui a même adjoint une queue d’acteur porno en grande forme. Une façon de dire sans détour aux amateurs de grosses cylindrées californiennes et aux plaisanciers bronzés de Nantucket de venir se faire voir – ici par exemple.