Une fois pénétré l’hôtel particulier qu’occupe la galerie Mélanie Rio, dépassé les quelques marches de pierre, le visiteur atteint le vestibule.

C’est une petite pièce sombre et aveugle, plus haute que large, uniquement illuminée par une vidéo diffusée par un écran de télévision noir. On y voit crépiter l’image d’une charpente en bois enflammée. La scène est tournée en pleine nuit, à bonne distance pour l’observation ; pas trop loin pour ne rien rater, pas trop proche non plus pour ne prendre aucun risque. Les flammes montent haut entre les poutres et le faîtage ; aspirées dans la nuit, elles se tortillent en cadence et créent un jeu d’ombres chinoises qui dévoile la complexité de la structure. La vidéo dure, sans que jamais le brasier ne s’étende ni ne s’atténue. Le spectacle semble infini. En fait, il ne se passe que peu de chose, la chute n’arrive pas ; aucune explosion ni effondrement final, rien d’autre que le feu collé au bois. D’ailleurs, Burn n’est peut-être qu’un effet spécial, un simulacre interminable, monté en boucle pour le simple plaisir de faire durer la fin.

Dans les autres pièces de l’exposition, Briac Leprêtre a dispersé plusieurs œuvres. Certaines sont en résine blanche, telles les deux petites huttes Rocher et Bungalow Royal, modèles réduits d’abris de jardin et nid d’amour pour couple de tourterelles. D’autres sont en béton, objets moulés à mi-chemin entre la sculpture et le mobilier. Il y a parmi eux une Tente. Elle tient sans sardine ni attache, sans même que ses bords ne touchent le parquet. On peut tourner autour et observer la finesse de ses détails, c’est comme si elle avait été pétrifiée pour un remake de Pompéi. Face a elle, le regard devient intemporel, arrêté dans sa course par cette forme froide comme de la pierre mais qui évoque les vacances en Italie. Il en va de même pour deux autres moulages, mais dont l’artiste s’est gardé de donner l’origine. Peut-être que le premier est un soupirail, et le second un chausse-pied.

Toujours est-il que la question, si elle n’est pas forcement pertinente, est imbriquée dans celle de l’appréciation esthétique de ces contre-objets dont on se plait facilement à goûter la forme décalquée sur son usage. Ils s’apparentent à ces machines que l’on croise rangées dans les musées techniques ou sur les pelouses à la campagne, transformées en jardinières.