L’exposition d’Alex Israel à la Galerie Almine Rech est constituée de quatre œuvres inscrites dans une cinquième. Cette cinquième œuvre est celle que l’on découvre en premier en entrant dans l’espace d’exposition. L’artiste a recouvert les murs et le plafond de la galerie d’une fresque créant un environnement bleu et rose, évoquant les contes de fées et les châteaux dans le ciel.

L’espace est entièrement recouvert de cette enveloppe nuageuse. Seul le silence et les deux employées assis derrière le bureau de l’accueil nous retiennent de penser que nous ne venons pas de franchir le seuil d’une expérience de vie après la mort ou quelques autres plongeons dans l’imaginaire prénatal. L’effet est tellement englobant, qu’à chaque coin de mur on s’attend à voir apparaître une licorne.

Les quatre autres œuvres sont disposées sur des socles blancs. Ce sont des morceaux de consumérisme, certains issus des années 50-60 américaines, d’autres de la culture populaire et bourgeoise européenne. Concrètement, il s’agit de vieilles mains de mannequins manucurées, abimées par le temps et disposées dans une cagette, d’un petit théâtre de Guignol au velours rouge élimé et aux ors délicieusement passés, d’une boîte d’ampoules General Electric en carton cabossée, et d’une montre suspendue au bec d’un aigle en bronze reposant sur un pied de marbre. Or, ces objets, l’artiste ne les a pas acquis ni même trouvés, il les loue le temps de l’exposition. Ils ne sont là que pour signaler leur indécrottable matérialité. Et quelque soit la mélancolie que l’on se plait à leur accoler, rien ni personne ne viendra les sauver de leur destinée, ils retourneront à leur hangar et leurs étagères. Mais pour le temps de l’exposition, ils flottent dans le moelleux des nuages et participent à la même illusion qu’Alex Israel a tracé partout dans la galerie.  Entre doudous de marché aux puces, véritables paquets de madeleines prêts à l’emploi, et rêve de carton-pâte pour église évangélique du Bible Belt, le grand écart qu’impose l’artiste nous met face à face avec la malléabilité des émotions que l’on nous propose à longueur de mièvrerie.