Selon les auteurs de l’exposition qui lui est consacrée au Foam à Amsterdam Ron Galella est un des tous premiers, si non le premier, paparazzi, au sens moderne du terme. En tout cas, il est l’un de ceux dont le nom a autant circulé que ses images. L’accrochage à des airs de tableau de chasse, les photographies sont regroupées par catégorie de célébrités, toutes, uniquement indiquées par leur prénom ; ainsi se crée une forme d’intimité, de gêne aussi. Car si bon nombre des personnes prises en photo sont décédées ou ont beaucoup vieilli, d’autres sont désormais tombés dans un semi anonymat dont on a bien du mal à les déloger. On reconnait ainsi, à leur mine dubitative et songeuse, les visiteurs qui sont venus pour le photographe de ceux qui sont ici pour le paparazzi.

Les photographies, de tailles et de qualités différentes, sont toutes en noir et blanc et arrangées sans ordre chronologique. Bien qu’assez disparates, toutes sont des traces d’une époque bien distincte, celle où photographes et idoles se côtoyaient si souvent qu’ils en devenaient parfois intimes. C’est un peu dans cet esprit que sont écrites les petites notices qui accompagnent parfois les images, elles relatent une anecdote, une scène, un souvenir.

Rien ne permet vraiment de prendre ses commentaires pour argent comptant, pas plus que ses photographies. Le paparazzi fabrique l’histoire – les petites histoires – et celles-ci ne valent que pour ceux qui y croient, c’est un spectacle, où chacun est libre d’y accrocher ses propres fantasmes. Ce spectacle, on l’observe d’un œil mi amusé mi nostalgique, car l’histoire est souvent terminée depuis belle lurette, pour beaucoup on connaît d’ailleurs déjà la fin, Jackie Kennedy, Marilyn, Basquiat et bien d’autres… Mais ce sentiment n’est pas tout à fait désagréable, les visiteurs viennent aussi pour cela. D’autant que les cimaises ont cela de confortable que les pages de magazine dont sont issues les photographie y perdent leurs odeurs populaires, nous ne sommes ni à la plage ni au café de la mairie, rien ne braille autour de nous et personne ne mange de glaces ou de saucisses-frites, chacun est bien droit dans ses bottes et nul n’a envie de sauter de page pour passer directement au quizz de l’été, nous sommes au musée.