Le sculpteur Yann Gerstberger est invité par 40mcube à déballer ses sculptures récentes. L’artiste les a dispersées de telle sorte qu’elles forment un environnement éclectique. Pour peu on se croirait au bord de la méditerranée fin septembre, quand les plages ne sont plus nettoyées, et qu’elles se couvrent de ce que la mer rapporte. Ce travail est formé de tout un tas d’objets fanés, débris et fragments estivaux, glacières, fanions et même un banc de musculation. Toutes ces saletés, camelote abandonnée,  boues végétales et autres bois flottés ont envahi l’espace d’exposition.

Prises séparément elles s’affirment comme des assemblages totémiques au fort goût de sel et de beignets sablés. Toutes ces petites choses contre lesquels on a gentiment rigolé quand il faisait beau mais qui deviennent désagréables une fois la météo tournée. Il s’en faut parfois de peu pour qu’elles ne ruinent nos souvenirs d’été. Il suffirait que d’un souffle pour que même le souvenir des coups de soleil ne disparaisse. Et encore, s’il ne s’agissait que de ça. Yann Gerstberger va chercher plus loin que l’été dernier. Son œuvre s’inscrit dans le mouvement perpétuel de la consommation, de l’usure et de la dégradation de ce qui fût bon et dont ne reste plus que les corps polluants entassés sur les rivages. Car, immuablement, tous les étés finissent par tomber en lambeaux de planches à voile quand les derniers camping-cars repartent.

Tel Robinson Crusoé l’artiste met ensemble les restes pour ériger de nouvelles idoles, celles de l’après naufrage. Mais le naufrage se répète, et Robinson s’exécute sans broncher. Mais peut être la saison prochaine décrochera-t-il un poste de plagiste, et les sauvages qui viennent observer ses constructions remporteront leurs tubes de crème solaire avec eux.

La Black Room présente une animation de Fleur Noguera. Smoke tourne en boucle pour montrer un nuage se déplaçant. Il va d’une voiture en flamme à une usine et reprend sans fin le cycle du carbonne. Ce nuage bondit sur un fond de ciel blanc et s’alimente de petites fumées avant de lui aussi disparaître et fondre en pluies acides.