C’est de marron dont il est question dans l’exposition de Kristina Lee Podesva. Cela n’apparaît pas immédiatement aux visiteurs, mais c’est essentiel. C’est d’ailleurs la propriété majeure de cette couleur, être partout mais ne jamais se distinguer.

Sur les murs faisant face à l’entrée sont accrochées six grandes feuilles que l’on a disposées en ligne et maintenues par un jeu d’aimants. Chacune est composée de deux trames imprimées dont le chevauchement forme un carré où apparaît un motif. La première est noir, la seconde jaune, la troisième rouge, la quatrième bleue. Ensemble elles constituent : Brown Study CMYK. Comme son nom l’indique c’est l’association des quatre feuilles qui donne le marron. Les deux autres études sont disposées après le virage imposé par l’angle du mur. Elles sont marron, du moins c’est ce que l’on perçoit en le regardant en arrivant. Brown Study Colour Line est un diptyque formé de deux impressions, l’une en marron, et l’autre en CMJN et dont la résultante est le même marron que sa voisine. Là encore le jeu de trames fait apparaître des motifs dans la couleur et dans la forme, l’exposé à valeur de démonstration.

À l’opposé de la pièce, une trame similaire est imprimée sur un miroir à même le sol. Tout en hauteur Lʼavenir est suffisamment grande pour que l’on puisse y voir son reflet en entier au milieu des points. On s’y mire, et en un instant on oublie la couleur de l’imprimé. Décidément le marron a quelque chose fugace.

Presque en face du miroir, une pile de feuilles est mise à disposition sur un chariot métallique. On peut y lire: DIT ILES NOIR GARES. Là le message est clairement sibyllin, mais les feuilles sont néanmoins à ramener chez soi. Dès fois que ?

Mais c’est au milieu de la pièce qu’est campée l’œuvre la plus visible de l’exposition, la plus énigmatique aussi. Un très grand drapeau est posé au sol sur un dispositif en bois, mais qui étrangement ne le maintient pas. L’angle dans lequel est posé le drapeau ne lui permettant pas de tenir debout tout seul. Celui-ci est donc relié par un fil métallique au plafond pour ne pas s’affaler au sol. Comme son nom l’indique Brown Flag est de couleur marron. Rien ne le distingue d’un drapeau habituel, si non que l’ensemble est neuf et uni. Cette bannière n’a certainement jamais été exposée aux vents extérieurs, c’est purement une banderole d’intérieur. L’antithèse d’un étendard, ni nationaliste ni pacifiste. Pas forcement factice, mais en équilibre dans une fadeur sans faille. Marron, en somme.