L’espace d’exposition du lieu unique de Nantes n’a rien de facile, il est grand, voire très grand, et même un brin casse-gueule. C’est pourtant en toute simplicité que Pascal Rivet amène le visiteur à garder le regard devant lui. D’un geste incongru et gigogne, il place son propre hangar au milieu de celui qui l’accueille.

Cela est d’autant plus étrange, qu’appréhendé de face l’édifice en taule rayée vert et blanc semble ne pas avoir d’entrée. En en faisant le tour, on en trouve pourtant deux. Deux culs-de-sac remplis de bottes de pailles confirmant notre première impression quant à la nature agricole de cette construction. L’artiste peut aimer le fourrage, mais ce n’est pas tout, puisque qu’au fond repose la réplique en bois clair d’une voiture américaine qui fleure bon les années 60. Les connaisseurs y reconnaîtront une Lincoln Continental, mais elle aurait aussi bien pu être une vieille Peugeot tant l’image de l’épave dormant au fond de la remise est universellement admise. Le reste des visiteurs n’aura que faire de ce détail sinon d’admirer la parfaite finition du modèle réalisé par l’artiste.

Dans ce contexte qui sent la paille, la taule et le bois fraîchement travaillés, l’association a tout l’air d’une apparition. La voiture, le hangar, si tout cela n’était pas à l’échelle un, on pourrait penser que ce sont des jouets à peine sortis de leurs emballages – et qu’une main d’enfant aurait placé au centre de l’usine avant d’y ajouter un tipi et un camion de pompier. Une vraie publicité pour catalogue de papier glacé. À la nuance près, qu’en l’occurrence c’est nous qui la peuplons.

Mais le monde rural sur lequel travail l’artiste est aussi éloigné de la réalité que le sont nos préjugés à son propos. Pascal Rivet fabrique des jouets aussi inutilisables que le sont nos idées toutes faites sur eux. La Lincoln ne roule pas, et le foin n’ira certainement pas nourrir des bestiaux de carte postale. C’est de l’impasse dans laquelle la société contemporaine a soigneusement rangé les campagnes et les travaux qui lui sont liés dont il est question ici.

On songe alors aux labourages et pâturages du duc de Sully auxquels on adjoint bien volontiers week-ends bucoliques et cartes de France d’écoles primaires. Car en effet, nous sommes encore loin.