Dans le cadre de son espace dédié à la vidéo, le centre d’art Rennais propose Invisible Cities de Jonas Dahlberg. Le dispositif de la Black room est toujours le même ; pas besoin de passer par un quelconque accueil ; le visiteur entre, s’assoit, regarde et est libre de partir, la sortie étant toute proche. Ce peep show gratuit et – comme il se doit – anonyme offre l’amusante occasion de consommer de l’art en passant.

La vidéo présentée est cette fois-ci complètement silencieuse ; c’est donc sans un bruit qu’elle nous donne la nausée. L’effet est quasi immédiat. Tranquillement assis sur le banc mis à notre disposition, le sol se dérobe sous nos pieds du moment que nous fixons l’écran. Avant même d’avoir vraiment prit conscience des images que l’on regarde, nous sommes accablé d’un malaise physique qui ne s’estompe qu’en détournant le regard. Dans ce travail tout y concourt, sans qu’à aucun moment l’on puisse croire que cela ait été fait exprès.

La faute aux mouvements de caméra qui font lentement tanguer la projection. L’effet est pervers puisque la vidéo qui montre les rues désertes d’une ville nouvelle capte notre attention par son étrangeté. Il s’agit de bâtiments de quelques étages, de bosquets feuillus, de rues désertes longées par des places de parking à moitié vides et surplombé d’un ciel presque bleu. Tout ce qu’il y a de plus banal en somme. Sinon que l’on ne voit rigoureusement personne dans cette vidéo. Cela devient tellement étrange que l’on finit par se forcer un peu pour voir si quelqu’un ne va pas apparaître dans l’encadrement d’une fenêtre. Quel genre de ville est ainsi dépeuplée en plein jour ? Ni le titre ni l’artiste ne le dévoilent.

Aux troubles de l’oreille interne vient donc s’ajouter la curiosité qui peu à peu généralise l’embarras de l’observateur. On quitte la salle en renonçant à regarder les 23 minutes de la vidéo. Il n’y aura donc pas de fin mot à cette œuvre.