La galerie Thaddaeus Ropac présente un condensé du travail de l’artiste newyorkais Robert Longo. Cela ressemble à une énumération de sujets, l’artiste en explore continuellement de nouveaux. Les uns après les autres, il jette son dévolu dessus et nous les restitue, le plus souvent en noir et blanc – parfois en rouge et noir.

La galerie présente les trois immenses tableaux que composent l’installation God Machines. Flanqués sur les trois murs sous verrière de l’espace principal de la galerie, ils déclenchent un sentiment d’inquiétude, un sentiment de vide et de résignation. Robert Longo choisit d’associer trois summums de sainteté, trois lieux qu’il nous livre comme des constats hébétés par les montagnes déplacées par le labeur de la foi.

Le plus étonnant face à ces images est qu’elles ne disent presque rien sur ce qu’elles représentent, elles sont aussi vaines que spectaculaires. Tout comme le sont les autres réalisations de l’artiste, il n’y a pas plus de dénonciation que de fascination morbide ou de fausse naïveté, ces images sont une parcelle de notre monde contemporain, l’artiste les crée sciemment et les ajoute à toutes celles qui coexistent déjà. Le réel choix s’opère dans l’acquisition de l’une d’elles. Pourquoi un décolleté plutôt qu’un tigre ou un révolver ? Pourquoi une scène du bureau de Freud plutôt qu’une vague géante ?

Le sous sol et l’étage proposent suffisamment de symboles pour alimenter tous les conflits d’une vie. Un regard voilé, un rock band, une Cadillac, une forêt lugubre etc… Malgré l’inoffensive intensité de ces images nous restons rivés à elles, pas à toutes, juste à celles qui correspondent à nos attentes. En s’observant parcourir l’exposition, on décèle dans son propre comportement les tendances qui nous poussent et façonnent notre regard.

L’expérience serait parfaite si la galerie avait saisi l’occasion de donner toute son ampleur au propos de l’artiste et en montrant ses installations. Mais il n’y a aucune raison de bouder son plaisir, on se contente for bien du hiératisme sourd des images en attendant la violence des sculptures.