Le musée Cognacq-Jay invite à un retour dans la ville mythique de Tivoli en Italie. Lieu légendaire s’il en est dans l’histoire de l’art, mille fois représentée, mille fois rêvée. Au XVIIIe, presque tout ce que l’Europe compte de peintres s’étant adonnés au paysage y sont passés. Les Français tout particulièrement. C’est qu’à l’époque, le tour en Italie constituait un élément central dans la formation des peintres, et Tivoli était une étape quasiment obligatoire.

Avec son temple à flanc de colline, ses torrents et ses cascades, la ville est connue de tous et reconnaissable entre toute. Joseph Vernet, Gaspard Dughet, François Boucher, et presque tous les pensionnaires de l’Académie française à Rome y vont aiguiser leur regard. À leurs côtés, une cohorte de peintres effectuent le voyage et produisent des milliers d’esquisses sur le motif.

Le lieu est propice à de nombreux fantasmes, notamment pour ceux qui viennent de loin. En découlent des visions librement adaptées du lieu. Le thème des marines près de Tivoli est à cet égard plutôt apprécié, bien que la ville ne soit pas située sur la côte. Le peintre flamant Nieulandt en est quelque peu l’instigateur, son Temple de la sibylle à Tivoli figure la falaise à côté de la mer.

Parmi les Français, Hubert Robert inlassable peintre de ruines passe beaucoup de temps à représenter la ville. Il s’intéresse tout particulièrement aux édifices et à la façon dont ils émergent du paysage. Le temple circulaire de Vesta est le point d’orgue de quasiment toutes les compositions et est représenté sous tous les angles. Après lui, ce motif continue à traverser les âges et les modes pour devenir au XIXe un motif évident pour les précurseurs de la photo qui s’y rendront avec la même application que les peintres et graveurs.

La visite que propose l’exposition est plaisante, même s’il n’est pas dit que ce site ait donnée naissance réellement à des chefs d’œuvre. D’une certaine manière, on la parcourt comme un site historique. C’est qu’aujourd’hui, l’endroit n’a plus l’aura d’autrefois, et nous le regardons avec nos yeux de touristes. Au risque de faire ressembler ces peintures et ces dessins à des cartes postales.