La maison de l’illustre auteur accueille en son sein les portraits photographiés de plus d’un siècle d’écrivains. Le résultat se traduit par une double galerie de visages impressionnante, tant par la liste des portraiturés que celle des photographes. Elle se déploie sur quatre salles et occupe une partie des escaliers. C’est donc loin d’être une exposition fleuve où seraient charriées les têtes à la douzaine. À de nombreux points de vue l’exposition est pondérée.

Évidemment, la première salle se concentre sur l’hôte. Hugo lui-même, face à l’objectif, dans toutes les positions et avec toutes les mines. On découvre alors, pour une fois côte à côte les portraits du trentenaire et ceux de l’homme âgé, les expressions renfrognées, pensives et bien souvent hyper posées de l’écrivain. Cette enfilade apparaît presque grotesque, et finit de nous rendre le personnage sympathique.

Dans les trois espaces suivants, autour des photographes auxquels ont doit ces portraits, est regroupé tout ce que compte d’écrivains le milieu du XX° siècle. Avant et après la moisson n’est pas aussi prodigieuse, le titre de l’exposition est presque un peu trop grand. De même, la plupart est francophone, voir tout simplement Français, mais il ne s’agissait pas d’établir un catalogue exhaustif. Il y a de toute manière largement assez de pages écrites derrière cet accrochage pour remplir la vie d’un lecteur heureux. Au milieu de tout ça, une photo de Jack Kerouac et William Burroughs qui en viennent joyeusement aux mains dans un accès viril, à la pose rageuse.

Tout est fait pour mettre à l’aise les visiteurs dans leur déambulation, le fond des murs est gris, l’éclairage bien pensé, ni éblouissant ni ténébreux. De même, l’uniformité des encadrements n’y est pas pour rien. Avec une telle diversité de personnalités il aurait été certainement indigeste de multiplier la forme et les couleurs des cadres.

De cet ensemble, de la qualité des photographies sélectionnées, se crée une forme d’intimité, soufflée par la présence des auteurs que l’on lit les yeux dans les yeux. Avec leurs livres en mémoire, mais pas nécessairement. Et puis tout au bout, Hugo à nouveau, sur son lit de mort, pris par Nadar.