Dans l’espace historique de la galerie, sont exposées les œuvres de l’artiste bulgare Oda Jaune. Ce sont souvent de grands tableaux brun, terres et ocre dont les sujets sont en pleine métamorphose ou à deux doigts de la noyade.

Il y a là tout ce qu’il faut d’étrange et de surréaliste pour que les figures, d’une facture lisse et soignée, nous apparaissent séduisantes même si cette peinture parfois sèche manque un peu de sensualité. Les éléments hybrides de passage sur ces toiles ont tous quelque chose de reconnaissable. Non pas qu’ils soient tirés de telle ou telle image clairement identifiable, mais leurs gestes et leurs postures semblent issus d’une culture collective. Cette peinture est dans un entre deux où tout ce qui s’y déroule nous appartient, on connait ces visages et eux aussi nous reconnaissent.

Il est juste un peu dommage que ces peintures nous évoquent un chemin par lequel John Currin ou Georges Condo soient déjà passés, on croit en connaître la fin. D’autant qu’une certaine forme de lassitude s’installe au bout d’un certain nombre de toiles, comme si la mécanique de ces peintures semblait de plus en plus évidente au fur et à mesure qu’elle s’offre à notre regard.

Dans l’autre espace de la galerie, on trouve des accumulations bien rangées et parfaitement ordonnées d’Arman. Chaussures, ventilateurs, cafetières italiennes, Victoires de Samothrace, et autres réveille-matins ; tous dans des cases enchâssées dans des boîtes et des casiers, parfois posées au sol, parfois au mur. Il y a là ce qu’il faut de bric-à-brac pour échafauder des souvenirs. Et peut être bien, dans le cas présent, en déterrer quelques-uns.

Ces œuvres dont la production parfaite qui tranche avec les habitudes de l’artiste, ont quelque chose d’imposant, comme si les voyages et les étés en Italie qu’ils évoquent étaient définitivement murés. Leur aspect de reliquaire prend ici des airs graves. Les boîtes sont noires et rien ne dépasse, pas même un trait de colle ou une vis mal cachée. Cette exposition se trouve à des kilomètres de l’image de veuve joyeuse qu’a souvent donné Arman dans ses œuvres. Quelque part cette prodigalité en moins et son air sérieux en plus imposent un peu de respectabilité à l’ensemble. Reste à savoir si c’est une bonne chose ou non.