Les œuvres lumineuses de l’artiste californien viennent scander l’espace de la galerie Xippas pour trois mois. Une dizaine de travaux sont apposés comme des radiateurs sur des parois qui se détachent à un demi-mètre des murs.

Visité en fin d’après-midi, alors qu’il fait déjà nuit, l’espace sous verrière de la galerie laisse la lueur des œuvres prendre possession de son architecture et met en avant la justesse des couleurs choisies spécialement par l’artiste pour cette exposition. Entre la lumière artificielle et le poids de la nuit qui s’installe dans les recoins de la galerie, l’ensemble prend des airs solennels qu’appuient de leurs rythmes les tubes de néon accrochés verticalement. Ceux-ci, haut comme un homme, forment des bataillons de couleurs, noir, vert, blanc et bleu, toujours sobres et parfaitement apprêtés. Ils longent les murs de la galerie et opèrent une marche sans bruit ni de bourse ni de bottes.

La simplicité du dispositif n’est pas sans rappeler d’autres grands artistes. Selon son goût et ses lectures récentes, chacun pourra y associer Kenneth Noland, Dan flavin ou James Turrell. Mais le tout n’est pas là, non pas seulement parce que l’artiste a ses quelques spécificités, ou qu’il use d’accord de coloris qui lui son propre, mais bien parce que ce travail marque implacablement le visiteur par son absence d’ostentation et par la précision de sa présentation. Tout y est à sa place. Le choix des tubes de néon, leurs tailles, leurs teintes et même l’opacité de ceux-ci sont rigoureusement maîtrisés.

La visite pourrait s’arrêter là. Mais l’artiste, conscient de l’inconstance de la lumière et de la beauté changeante que celle-ci peut faire prendre à ses œuvres dans le regard des visiteurs, offre la possibilité de varier les combinaisons de tubes allumés et de tubes éteints. Pour cela il suffit d’en faire la demande à la réception. Les œuvres se mettent alors à varier à la manière d’un décor de scène que l’on actionne pour passer d’un acte à un autre.