Il y a à la fois quelque chose d’exaltant et de particulièrement éreintant à parcourir les allées d’une foire. Quel qu’en soit le tracé, l’étalement des niveaux ou la longueur des allées, marcher au pas de course au milieu du flux des visiteurs s’apparente toujours à une fuite en avant. Il y a toujours une autre galerie après celles que l’on détaille, puis d’autres encore. Les œuvres se suivent dans notre champ de vision, disparaissent très vite, s’oublient à tout à allure et parfois réapparaissent une fois la visite terminée. On peut alors faire le compte de ce que l’on a retenu, se dire qu’un dernier passage devant tel stand aurait pu être utile pour retenir les noms que l’on n’a pas notés. De toute manière, une visite méthodique d’une foire est quasiment impossible. Il vaut mieux se plonger dans cette foule d’œuvres, les brasser et les laisser se télescoper.

En l’occurrence, que peut-on retenir de cette visite ? Tout d’abord la grande qualité et l’homogénéité des stands, pas de demi-mesure dans cette édition de la FIAC, le grand Palais est rempli d’œuvres désirables. Il y a Paula Cooper avec Stingel et Dan Walsh, Klosterfelde qui n’a pas peur de présenter une immense et seule pièce de Darboven, Standard avec Tauba Auerback ; Gargosian évidemment, Jocelin Wolf très à propos, chez Gladstone, Boetti que tout le monde a remarqué, et puis aussi, Anne De Villepoix qui se distingue également avec des œuvres impressionnantes.

Dans l’ensemble on peut remarquer la grande quantité de peintures, il y en a partout et rare sont celles dont on peut dire qu’elles étaient déjà là l’an passé. Par contre la photographie est assez peu représentée cette année, il n’y a presque pas d’allemand mais l’on croise beaucoup Cindy Sherman. On peut voir quelques très belles installations comme celle citée précédemment, mais aussi beaucoup de sculptures, souvent concises et relativement peu tape-à-l’œil pour une foire.

Les artistes français ne sont pas présentés exclusivement par les galeries françaises, et c’est un excellent signe. Pour finir, la palme de l’artiste le plus présent va à Lee Ufan, omniprésent et qui ponctue constamment la visite. Ce qui, en ces temps de reprise, doit être un résidu de frilosité.