C’est en parallèle de l’exposition «Rodin et les arts décoratifs» qu’une brève sélection d’œuvres de Wim Delvoye a été proposée au public durant cet été. Pas de cochon tatoué mais quelques représentants emblématiques du travail de l’artiste. Les œuvres peu nombreuses se font plutôt discrètes, et, bien qu’une première pièce saute aux yeux dès l’entrée dans l’enceinte du musée, le visiteur se retrouve à se demander si il n’a pas raté l’exposition. L’imposante Tour trône au milieu de la cour d’honneur. Celle-ci impressionne surtout par la lourdeur de son décorum et le ridicule de la comparaison évoquée dans le dépliant accompagnant l’exposition avec la tour Eiffel toute proche mais dont en réalité on ne voit que la cime.

Passé la Tour de garde, il faut commencer à se mettre à la recherche des autres œuvres de l’artiste : seules trois salles en accueillent. Ce petit jeu, qui agacera assez vite les visiteurs peu intéressés par Rodin, s’avère pourtant payant tant la découverte des bouteilles Gandagas est agréable. Celles-ci sont exposées à même le sol dans un musée dont l’apparent état de délabrement et la collection d’antiquités, créent immédiatement un effet de communauté avec leur environnement. Ces bombonnes de gaz décorées en rouge et noir à la manière des vases grecs s’intercalent avec joie dans l’esprit du lieu, entre décoratif suranné et trivialité.

Deux autres œuvres sont présentes à l’étage de l’hôtel Biron. Un modèle réduit du portail créé par l’artiste pour son atelier a pris place, seul, dans une petite salle où il s’ouvre et se ferme comme pour articuler des mots qui ne viendront jamais. Il est possible que les conservateurs, s’étant aperçu du maigre intérêt de cette pièce, aient mis en boucle le mécanisme déclenchant automatiquement l’ouverture du portail, permettant ainsi aux visiteurs de faire de jolies photos une fois placés de part et d’autre de l’ouverture bégayante et silencieuse.

Une autre salle donne à voir Hélix, une double hélice sur le modèle de celle de l’ADN mais dont les bases ont été remplacées par des crucifix. Un seul type de crucifix pour éliminer toute tentative de décodage de cette œuvre qui fait plus penser à un outil agraire rustique qu’a un défi aux lois de la pesanteur, contrairement à ce que suggère la notice dont le vocabulaire est décidément trop aérien pour des œuvres en bronze si terre à terre.

C’est un parcours qui, malgré la légère frustration induite par le peu d’œuvres de Wim Delvoye, a le bon sens d’offrir le loisir de comparer, au travers du double prisme de l’efficace mécanique de façade de l’un et du théâtre poussiéreux de l’autre, ces deux incarnations de la sculpture et de la communication.