La présence de la collection Lambert dans l’Hôtel de Montfaucon à Avignon est une histoire méridionale ; une relation entre les teintes de chaux, de marbres blancs et les ombres qu’elles projettent sur les œuvres découpées dans l’ensoleillement. Tout y est, à la fois espace pictural et architectural.

Dans la cours veinée du bâtiment enfle la grande araignée de parpaing de Vincent Ganivet. Tendus par des sangles oranges, les agglos qui la composent pèsent sous la pression exercée par le ciel immense et bleu ouvert au-dessus des murs.

La structure d’une façade, Élément d’architecture pour un lycée à Bagnols-sur-Cèze, conçue par Jean Prouvé, avec son paravent bleu et sa structure en aluminium, se dresse simplement, presque fragilement parmi les œuvres dont elle n’est pas. Pourtant, auprès de celles de Bertrand Lavier la correspondance est parfaite. L’emboitement conceptuel des fonctions et des formes chasse les évidences et les ressemblances. Les murs deviennent des panneaux et les panneaux des murs entre lesquels tendent des fils poétiques. Les peaux noires et pendues de Richard Serra servent d’arène aux lutteurs de Basquiat, l’orgie livresque pétrifiée de Miguel Barceló répond aux autodafés d’Anselm Keifer, le cercle de graphite sur un trapèze vert de Robert Mangold – Green distored square circle – dialogue avec trois tableaux de Robert Ryman. Alignés les uns à la suite des autres ils sont ponctués d’un carré ligné de pastels bleu et blanc cassé d’Agnes Martin. Le temps que l’on aurait pu croire long s’avère au contraire d’une invraisemblable densité. On progresse dans cette enfilade comme dans les halots d’une ampoule allumée en pleine journée.