L’éloge du jaune de Naples de Paul-Armand Gette procède d’une visite du Vésuve. Un voyage chaud, estival et minéral que l’artiste a réalisé il y a bien longtemps.

De l’environnement rocailleux de la montagne, l’artiste récolte neuf cailloux, qu’il inscrit au sol dans un quadrillage de kraft. La preuve par neuf (1991) est mise en relation avec des dessins représentant des pierres accrochées juste au-dessus. Tracées à l’encre, les pierres sont communes ; les dessins sont simples, beaux comme des photocopies. Le va et vient qu’entraine cette association grise et noire titille la curiosité comme s’il était un jeu de sept erreurs, une devinette scientifique offerte par l’artiste fin connaisseur en la matière. Le plaisir du géologue associé à celui des formes quelconques – les plus rares et les plus audacieuses en mathématique et en art – est une joie quelque peu absconse, mais tout ce qu’il a de plus grisante.

Outre les Calcinations de papier froissé et noyé dans la peinture, sculptures mates dans leurs parties les plus exposées au toucher, brillantes dans les creux où elle a pu s’accumuler et lentement stagner, Paul-Armand Gette présente de nombreuses études, dessins et peintures jaunes.

Jaune, comme celui de Naples, ce jaune légèrement terreux, souffreteux, que l’artiste applique avec une nonchalance précise et délimitée par un marquage au crayon gris. Les composition sont carrées – il arrive aussi qu’il use du double carré –, il en badigeonne l’espace comme un cuisiner badigeonne une tourte, parfois en le remplissant consciencieusement, parfois ne faisant qu’en souligner les bordures. La couleur, plus ou moins diluée, varie de température selon ses applications, associée au blanc de la surface qu’il recouvre. Mayonnaise, pochés ou au plats, on songe en les voyant aux mille et une recettes pour accommoder les œufs – dont celle, que l’artiste au matin dans son hôtel avait choisie au petit déjeuner.