Les œuvres présentées par Fabian Knecht à la Galerie Christophe Gaillard sont un tour d’horizon des questions qu’il se pose à lui-même. Des questions simples et simplement posées, mais qui permettent de prendre conscience qu’en retour rien n’est simple.

Plusieurs peintures s’empênent à la question de la représentation et de nos attentes vis-à-vis de la tradition qui constitue son histoire. De prime abord, rien de particulier, ce sont des peintures sur bois, figurant des corps, en noir et blanc, disposées sous des vitres opaques qui créent l’illusion d’un réalisme légèrement flou lourd de référence, alors que derrière l’image est hyper-pixélisée. Sauf qu’une fois détaillé le dispositif de l’artiste, la banalité de l’image insurge face à la multitude des références employées. Tout ça pour ça ? On regrette un peu de connaître les ficelles, mais elles sont là, grosses et exhibées.

Dans un coin de la galerie, California über alles, est une vidéo en gros plan sur un robinet ouvert au dessus du lavabo rose d’un motel californien. L’image est en boucle semble-t-il, mais sans que l’on sache si elle est constituée d’un enregistrement de cinq secondes, cinq minutes ou de cinq heures. L’eau gaspillée qui coule, est une mesure du temps que l’on constate, sans pouvoir la mesurer. Impossible de l’appréhender, l’eau se déverse entourée du bruit que l’on lui connaît. Le seul geste qu’il nous resterait alors serait d’éteindre la vidéo qui tourne nuit et jour selon la demande de l’artiste. Mais pour cela, et braver l’interdit, il faut l’acheter.

Au sol se trouvent deux sculptures. Elles sont indépendantes l’une de l’autre, mais l’on en peut s’empêcher de les rapprocher. Dans l’une, Young beautyful and healthy 04, a été formé par une explosion de peinture qui a recouvert les parois du cube de plexiglas dans lequel l’expérience pyrotechnique à eu lieu. L’autre, Die Letze tür, est une portière de voiture explosée et tordue lors d’un accident récupérée par l’artiste et exposée telle qu’elle. L’œuvre n’est pas tachée de sang, mais on y découvre des débris de bois résultant du choc avec un arbre. Voilà donc deux explosions, celle de l’artiste et celle de la vie, résumées au visiteur en autant de questions. Qu’a-t-il en face de lui ? Qu’est-il prêt à en faire ?

Le sous-sol renferme deux autres vidéos, dans l’une l’artiste joue la marionnette vivante pour un pianiste, dans l’autre il dépose un rat dans un musée. « Que fait-je » et « que laisse-je » sont les ultimes questions de l’artiste. La réponse est sous nos yeux.