Toute peinture procède d’un précédent qu’elles entretiennent et habillent d’un mille feuilles de contingences. Ces dépendances forment à leur pourtour un filet narratif flottant au vent croisé des idées neuves s’en viennent et des plus vieilles qui s’en vont. C’est ce parfum des nuits passées qui entoure le A d’Olivier Mosset récemment redécouvert tricoté de mythes et d’approximations.

Montré aujourd’hui ce petit tableau procède des premières hésitations de l’artiste ; on y raconte le manque de place dans lequel il œuvrait en 1966, son désir d’ouvrir une Œuvre depuis l’idée qu’il se faisait du travail fondateur de Malevitch. D’eux procèdent à l’infini d’autres peintures, d’autres souvenirs enchâssés de références et d’histoires de vernissages complètement vides alors même qu’ils sont sur le point de changer la face de l’art. L’artiste les a laissé proliférer. Fabriquer ces idoles, les répandre et les laisser se transformer au contact de volontés parfois contraires a mené à Emmanuel Van Der Meulen, Nicolas Chardon, Ivan Fayard, Amy Granat, Camila Oliveira Fairclough ou Hugo Pernet chez qui, d’orthodoxie en luttes intestines, le déploiement de l’idée d’un premier monochrome a permis toutes les illusions et presque tous les doutes.

Parmi eux Nicolas Chardon est de ceux qui ont préféré mettre la main au côté plutôt que de croire. L’histoire fanée était cependant vraie. Voulant alors convaincre, il s’est emparé de l’histoire du carré noir sur fond blanc à la manière d’un chirurgien esthétique au travaille sur le visage d’une vieille femme à la beauté de laquelle plus personne ne songe. La lissant et l’étirant il en a fait à son tour un tableau ; c’est cette surface tangible qu’il présente à la foule pour qu’elle puisse y enfoncer le doigt, et enfin elle aussi croire.