Une échancrure grise ouverte dans un passage beige recueille une toute petite ombre. Ce moment d’absence impose un silence. Il ne ressemble à aucune chose, mais ne s’en distingue pas nécessairement. S’il était éclairé par la lumière changeante du soleil, il proposerait une lecture du temps à ses observateurs qui le verraient évoluer, se tordre en contentions et étirements le long de la dérive solaire. Mais il est uniquement éclairé par une lampe immobile et sa forme délimite le froid du chaud sur une ligne en double V avec une précision chirurgicale.

En dehors de cette faille matricielle, la lumière patine la peinture de François Maurin et lui donne le poli des bois flottés qui finissent échoués aux abords des cours d’eau asséchés. Tantôt nue, tantôt mangée par les différentes teintes de glaise cuite au soleil, tantôt par d’anciennes mousses fossilisées, la peinture entravée par dessiccation a pris des attitudes étranges comme si elle avait été surprise au petit matin dans l’intimité de son réveil alors que la nuit s’extirpait encore de son corps en plein étirements. Là se trouvent les singularités qui leur donnent leur nom.

Ces éléments – morceaux de branchages englués à la fois dans la toile et dans la couleur –, tirent les jaunes du côté de l’éblouissement et les bleus du lit de leurs rivières. Les verts et les oranges naissent de cette rencontre. Entre eux se joue la dialectique des mouvements d’air et d’eau salis de poussière et de vase. Entourée de ces pigments primordiaux l’eau a racorni les formes et le vent, engouffré dans leurs fissures, s’y est débattu, sifflant, façonnant et serinant jusqu’à n’en laisser plus que l’étroitesse d’une éclaboussure.