Jours meilleurs de Béatrice Duport à Notre-Dame des Fleurs à Moric consiste en un réseau tubulaire, une ligne crénelée qui zigzague dans la chapelle sans en obstruer l’accès mais en soulignant son plan en quadrilatère. La ligne qu’elle trace est ponctuée d’objets sans lien apparent les uns avec les autres. Ils s’agit d’une une pile de boîtes de conserve en fer blanc, d’une bâche agricole tissée bleue, d’une plaque de plâtre à la surface de laquelle a été accolée une forme rappelant celle ornant la Mélancolie de Dürer. Ce sont des formes de ferme, des choses qui pourraient être entrées avec l’air de purin qui circule quand les portes sont ouvertes et que la structure de l’artiste aurait retenues. Ce sont aussi, pour les regards habitués, des évocations d’œuvres. De Dürer on passe à Robert Morris et de Robert Moris à Brancusi. À moins que c’en soit d’autres. Accrochées comme des rêves dans l’espace de la chapelle qu’elles habitent, ces formes ont le don protéiforme de se vouer à tous les saints.

La Chapelle Saint-Jean au Sourn est occupée par la peinture de Jean-Francois Maurige. Ce sont des tableaux rouges, fluides et sanguins. Une peinture pariétale, se mouvant selon des rythmes chamaniques dont on devine les accélérations alternant avec des moments plus lents et plus lourds que le pinceau a écrasés comme s’il s’agissait d’un effondrement de tout le corps. Chargées de cette force et de cette maîtrise, ces peintures réalisées sur d’assez petits formats sont pleines d’élans mystiques et aériens. Mais leur présence est avant tout terrienne. La gestuelle qu’elles ponctuent sur les murs de la chapelle ressemble à des morceaux de sinusoïdes prélevées pour déchiffrer des mouvements géologiques extrêmement anciens. Leurs tracés, même définitivement arrêtés, se présentent sans concessions, obstinés mais sans brutalité, comme s’ils procédaient d’une fatalité lisse et souple. Une fatalité accueillie par l’artiste avec bienveillance et dont subsiste la trace des flots rouges qui la charrièrent.