La voûte de la Chapelle Notre-Dame du Guelhouit à Melrand est ornée des représentations des miracles de saint Isidore. Au centre de la pièce Hélène Launois a disposé une machine de lumières et de bruitages d’où débordent des nœuds de fils électriques colorés dignes d’une série de SF rétro. Ça va beaucoup mieux raconte les actions du saint et les remerciements que lui vouent les pèlerins. Elle clignote en continu, débitant les bizarreries de la martyrologie d’une voix féminine et candide qui en accentue l’étrangeté et rend ces récits à leur aspect impossible et surnaturel. L’action des mots, devenus trop incroyables, est remplacée par celle de la machine. Elle trône, imposante et hypnotique comme un reliquaire d’où émaneraient les vapeurs hallucinogènes dégagées par l’organe qu’il contient. En dépassant le stade de la croyance pour toucher à celui de l’hypnose, l’installation reformule et restitue aux visiteurs actuel l’état dans lequel étaient plongés les croyants en touchant au Saint.

Sous le rocher de la Chapelle Saint-Gildas à Bieuzy, Hicham Berrada diffuse Présage 17.05.2015 17h28. La vidéo, dont l’action autant que la présentation sur le sol battu de la chapelle s’apparente à une sorte de rite de divination. Elle implique le versement sans ménagement d’une grande quantité d’eau sur un paysage miniature. Déluge dans un aquarium, le liquide emporte et soulève tout puis, doucement, recompose un paysage différent, passant du trouble le plus total à la brume, à la clarté et à l’ordre stable de la séparation entre le ciel et les eaux qui présida à la création du monde. Elle ne dure que deux minutes, deux minutes durant lesquelles poussières et sable retombent aléatoirement et forment un monde nouveau, mais dont les contours gardent néanmoins comme une fatalité la même rigidité de verre d’un versement à l’autre.