Les mécanismes de Heinz Mack semblent au premier abord relever d’un usage millimétré. Comme si ces œuvres avaient été pensées pour prendre part à des opérations chirurgicales, leur degré de précision et de perfection leur donne les qualités de phantasmes infinis et aseptisés voyageant avec la lumière au travers d’espaces impensables. C’est la conquête de la lune, l’excellence, la rencontre entre l’œil et la lumière la plus pure et la moins filtrée telle que la connaissent ceux qui ont un jour dépassé l’atmosphère. Une lumière dangereuse, céleste et divine, que contiennent des caissons métalliques dont émane parfois le bruit léger et ondulant d’un ventilateur.

À chaque œuvre correspond une temporalité différente. Une lente rotation pour de Sonne und Horizont dont la surface en verre martelé laisse apparaître un cercle métallique progressant tout doucement autour de son axe. Quasi immobilité pour Rondo, un grand mobile entouré de miroirs où se regardent des disques tournant sur eux-mêmes et des tubes de plexiglass et d’aluminium. Cette lenteur a tendance à influer sur les visiteurs en donnant le sentiment que l’espace de l’exposition est beaucoup plus grand qu’il ne l’est. De même que le temps, par inertie sur les distances, dilate la perception que nous avons d’elles. Pris dans ce mouvement nous ne sommes qu’une tête d’aiguille au bout d’une tige en apesanteur, lancés dans une exploration spatiale digne d’une métaphore sur les confins de l’expérience du vivant.

Accroché à une paroi, un fossile blanc en forme d’ammonite circulaire et cannelée annonce une trace, la possibilité d’une découverte. Radiale Doppel-Relief et les œuvres qui l’accompagnent catalysent cette géologie de la connaissance, comme si lentement tout le vide brassé par la lumière que contiennent les œuvres cinétiques s’était solidifié et avait pris la couleur calcaire des formes éteintes.