Une femme est accoudée à une fenêtre ; somnolente, sa statique semble se fondre dans la lumière mauve du jour tombant sur l’île. Les boucles ordonnées de sa chevelure et les plis de sa robe font un dans le confort vieux-rose de l’atmosphère feutrée qui encadre le paysage de prés profonds que l’on voit se dérouler au loin. Entourés de sous-bois, ils s’engouffrent lentement dans la forêt où déjà toute place a été faite à la nuit. Elle y est totale. Au loin le crépuscule s’annonce d’un vert acidulé, surnageant au-dessus des cimes, ultime éblouissement de cette journée d’octobre, il fait écho à la fine pellicule salée qui a recouvert la peau de la jeune femme tout au long des jeux d’enfants auxquels elle a assisté. Avec la nuit qui arrive les enfants sont allés se coucher. Ils laissent derrière eux le calme et la fatigue s’assouplir puis s’évanouir en immobilité.

Aux abords d’une clairière, la silhouette compacte de trois femmes en pleurs tient du bout des doigts un linceul rosé. Une quatrième femme cache son visage dans ses mains. Elles font face au corps de Sébastien. Pendu par les poignets, cinq flèches le piquent et tirent de ses plaies un sang qui coule et se répand dans la végétation avoisinante. Le Martyr est sur le point d’expirer. À ses pieds le rouge et les roses s’étendent telle une flaque, convertissant, brin après brin, la verdure à l’émotion de la scène. Repoussés aux bords du tableau, les derniers végétaux forment une arène de colonnades autour du miracle qui s’accomplit. Et malgré l’obscurité qui qu’ils créent, percent derrière eux une vive lueur jaune – du même jaune que l’auréole couronnant Saint Sébastien.

Deux femmes encore, cette fois-ci elles s’occupent d’un bébé. Celle qui tient l’enfant est mariée, elle porte une double alliance dorée. La seconde observe avec tendresse, et les trois visages fondent de douceur dans l’intérieur aux couleurs ombrées qui les entoure. Derrière elles un vase orné de fleurs, quelques fruits et une chocolatière indiquent que la scène a lieu dans la salle à manger. L’enfant est tout éveillé, nu, il s’étire mollement contre la joue de sa mère profitant de la chaleur du matin qui, depuis le dehors, illumine la scène.