Plongée dans le noir et entourée d’un fond sonore aquatique, une musique d’ambiance calme et inquiétante englobe l’installation vidéo de Yang Fudong. Sur plusieurs écrans The Colored Sky : New Women II suit les activités d’un petit groupe de femmes asiatiques en tenue de bain.

Sans entrain ni paresse, elles dansent et sourient à la mer. Les ciels de crépuscule publicitaires qui les entourent semblent être là pour durer une éternité. Bleus et indigos alternent avec des dégradés grenade et orangés pour créer une atmosphère de perfection inaltérable. Le temps n’a plus d’existence, plus de saveur non plus, il pourrait s’arrêter. Toute proche, la mer calme et sombre rafraichie l’atmosphère de sa présence. Telle une grande vasque elle diffuse un parfum qui s’associe aux rouges à lèvres et fond de teint – la baignade est interdite. Autour, le paysage est couvert de sable fin ponctué d’un cactus en fleurs et de plantes de bordures dont certaines pourraient être en plâtre ou en plastique. Un mobilier de plage assure le confort de ces dames. Il s’agit d’une tente de camping rayée aux angles parfaitement tendus, d’un cheval de gala, de chaises longues et pliantes, mais où le repos se fait toujours les yeux grands ouverts ainsi qu’ne table à manger couverte de mets et d’objets rappelant ceux que l’on trouve dans les natures mortes hollandaises du 17e siècle.

Personne ne porte de lunettes de soleil.

L’évolution de ces femmes dans l’espace ne semble répondre à aucune occupation précise. Dilettantes, elles se meuvent et échangent. L’une manipule un serpent, deux autres observent la tombée d’une fine neige artificielle. À plusieurs endroits des plaques de verre teinté fichées dans le sol modifient la perception des couleurs et de l’espace. Sous leur influence, le faux est tantôt plus chaud, tantôt plus tard, plus tendre ou plus sec.