La matière est fluide, l’expression des brosses manifeste, le format très important. Tout est laissé visible, rien de l’action n’a disparu. Il suffit de s’approcher pour découvrir toute la simplicité du procédé qu’a utilisé par Jean-Baptiste Bernadet en peignant les six tableaux de la série Vetiver présentés par la Galerie Chez Valentin.

Les coups de pinceaux sont brefs et répétitifs, l’artiste semble avoir progressé par étalement de la couleur, centimètre par centimètre, comme si pris par l’enthousiasme de la tache à accomplir, simplement lancé dans l’engrenage intuitif de sa gestuelle, il n’avait jamais levé le nez de son tableau à mesure qu’il le réalisait. Le résultat est à la hauteur de l’ambition. D’une grande limpidité. Ce sont les all-overs que Renoir aurait pu réaliser s’il avait vécu dans les années 40.

Ces tableaux aux tons acidulés, secs, sans matière ni réelle modulation de la couleur, mais portés par une authentique facilité d’exécution, parviennent à séduire par leur lumineuse monumentalité tout en repoussant avec véhémence l’adhésion de l’observateur. Il y a comme une évidence un peu honteuse qui se lève face à eux. Ils sont beaux, aussi beaux que les boites en fer aux reproductions impressionnistes délavées par le temps dans lesquelles grand-mère rangeait consciencieusement ses langues de chat. Ce sont toujours les choses les plus simples qui sont les plus compliquées à exprimer. L’expression ensoleillée d’un jaune envahissant au contact d’un vert émeraude ; la transparence des bleus profonds ; le grignotage de l’espace par une main abandonnée à elle-même.