La peinture de Guillaume Mary ressemble à du fondant de pâtisserie, translucide et fine d’un petit millimètre ou deux, elle en a la fragilité au regard, le sucre et la douceur. L’artiste l’applique sur ses tableaux comme un geste pictural protecteur. Ce n’est qu’une fois nappée que la surface peut être travaillée par la figuration.

La couleur lactée de cette couche recouvrant tous les tableaux est en fait le véritable support de la peinture de Guillaume Mary ; un support souple qu’il travaille à frais en glissant dessus, s’y enfonçant, mêlant la matérialité semi-liquide du fond à la forme qu’il compose pardessus. Selon les tableaux le fond est mâtiné de vert pâle, de rose tendre ou d’écru très léger. Dans ces tonalités évoquant celles les pains de pâte d’amande, le regard ne rebondit pas, il prend pied et, très sensiblement, reste collé. Ce n’est qu’après un petit laps de temps qu’il parvient à circuler dans les amples trames vertes et fuchsia que l’artiste dessine dans la matière.

À l’épaisseur quasi poisseuse de ses tableaux il oppose des sujets humides ; ce sont des Jours de pluie passés au bord d’un Canal charriant une eau sans courant, une Maison en bois et quelques autres ayant Brûlées. De ces dernières ne reste plus que l’ossature fondue d’un pignon, le plan au sol d’un salon avec véranda, une charpente, le tout, encore imbibé des trombes qui servirent à éteindre le brasier qui les rongeait. Mais pour autant, dans cette peinture, rien ne dégouline. Elle se tient. Les gestes, hachures et signes qui la compose sont enchâssés à la pâte sucrée aussi surement que le sont les « Milles Vœux » et les « Joyeux anniversaire mon amour » qu’à la douille on dessine – qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige – au-dessus des gâteaux de fêtes.