Sous les néons en épi qui illuminent l’étroit sous-sol accueillant l’exposition de Willem Boel, quatre dispositifs pivotants portent des panneaux de bois uniformément recouverts de peinture vert bouteille.

On circule autour avec méfiance. La peinture épaisse et luisante pourrait ne pas être totalement sèche et le peu d’espace laissé à la déambulation aiguise la suspicion. Mais, les passants qui s’en approchent, actionnant les portants de leurs mains comme l’on flâne aussi devant les portants à cartes postales en attendant un rendez-vous, encouragent à prendre part à la ronde. Les panneaux tournent telles des roues de bicyclette rétiniennes. Tous sont identiques et remplissent parfaitement la tâche que leur assigne la présence distraite de ceux qui patientent, bien plus enclins à observer les visages voisins qu’à se concentrer. Toutefois, la peinture glycéro, son odeur, sa présence pesante et si rapidement grumeleuse, répond au dilettantisme des badauds par la couche grasse qui la caractérise. Pis, elle se craquelle verticalement sous la pression sous-jacente des strates recouvertes laissant apparaître comme des éclairs le jaune et le bleu qui furent proposés aux acheteurs de cartes postales la semaine passée.

Le second espace présente l’atelier de fabrication : un recoin bâché comme un abattoir, et dont le sol est recouvert de drains imbibés de vapeurs de solvant. C’est ici que dans des bacs verticaux percés, chacun d’une teinte différente, s’active l’ouvrier. Montés sur des rails organisés en peigne, ils ont une forme d’entonnoir allongé d’où bavent les verts, les bleus, les violets et les autres. Le dispositif sert à la conception du temps passé. Celui qui permet de mesurer l’espace entre le geste de Willem Boel et le regard impassible des promeneurs aux petit rectangles de carton.

Dans l’entre-deux sèche sur un cintre un sac plastique enrichi de peinture rouge que plus aucun courant d’air n’emportera.