La forme d’une peau tannée faite d’écailles de pommes de pin ouvre l’exposition de Dominique Ghesquière à la Galerie Chez Valentin. L’animal marron, que l’on imagine discret et de petite taille, a laissé éparpillée dans une pinède sa Mue que l’artiste a reconstituée. En face, un Oiseau crucifié – mais sans croix pour symboliser une quelconque transcendance – en contrebalance l’idéalisation enfantine. L’histoire naturelle est certes poétique, elle n’est pas pour autant végétarienne.

Ce seront les seules présences animales de l’exposition. Derrière, c’est un paysage qui s’annonce, le paysage d’une belle journée d’hiver.

Au sol, un ruisseau de galets gris signale la présence d’un cours d’eau. Il est en sommeil ; les pierres qui en occupent le lit à la manière d’œufs chaudement serrés les uns contre les autres ont été orientées en fonction des veines blanches qui les parcourent. Ensemble, elles dessinent plusieurs fils noués dans l’étalement aléatoire des Pierres roulées. L’œuvre est l’expression d’une quantité de hasards réunis par la main de l’artiste. Le tracé qu’il fait apparaître raconte les remous et la circulation des feuilles mortes charriées par l’eau avant de s’en aller. Ainsi entassée, la fragilité de l’image n’a d’équivalent que l’innombrable plasticité des compositions possibles. Qu’importe le coup de pied qui pourrait la heurter, qu’importe, puisqu’aucun fil n’a d’importance : tous les autres, vastes et longs, balbutiants où encore inexistants peuvent prendre le relais. Aucune action n’a de prise, seul le regard peut la faire exister comme il peut la faire disparaître.

Trois petits Arbres sans feuilles bordent cette rivière. Ils forment un bosquet souple dont les branchages en balai invitent à se glisser entre eux. Les brindilles de leur extrémité ont été jointes pour produire des boucles allongées et pointues comme des lauriers qui forment au-dessus des marcheurs de bienveillantes couronnes.