Première étape de ce circuit, l’intervention de Christelle Familliari dans la Chapelle Saint-Méldéoc à Locmeltro est un étrange écho à celle qui ouvre le circuit rouge. Ici encore,  l’artiste a choisi d’utiliser un trompe-l’œil et, une fois de plus, c’est la pierre de l’édifice qui sert de référence. Mais dans ce cas, plutôt que de former un édicule à l’arrière du bâtiment, le trompe-l’œil coupe l’espace intérieur. Un grand voile ferme la nef pour créer une surface carrée, nues, complètement dépourvue de décor. Du sol au plafond, seule circule la lumière blanche. Ainsi réduite à sa dimension la plus immatérielle la chapelle invite à l’immobilité. Elle se prolonge le temps que le dispositif, frôlé par les courants d’air qui parcourent le lieu, laisse apparaître des ondulations et suggère au visiteur de franchir le pas qui le sépare de la réalité et du cœur du batiement.

Dans la Chapelle de la Trinité à Cléguérec, petite bâtisse en fond de vallon, Denis Laget a accroché des peintures. Des peintures de citrons, épaisses, coûteuses, grasses, à l’abondance généreuse et irrégulière qu’ont les glaces artisanales servies à l’italienne. Elles sont disposées presque à touche-touche, comme si l’artiste avait voulu les intégrer à la maçonnerie. Un peu plus loin, quatre tableaux complètent l’ensemble ; un poisson suspendu par la queue, deux vases qui gerbent leur bouquet à la manière des coiffes d’indiennes, ainsi qu’un crâne, posé le plus simplement du monde sur la tranche, au milieu de petits végétaux, et dont la présence ocre en cette endroit révèle une filiation commune entre la roche, les graminées et l’huile utilisée par l’artiste.

À Malguénac il faut emprunter un petit chemin en pente pour atteindre la Chapelle Notre-Dame du Moustoir occupée par Sylvie Ruaulx. La Part des anges est un groupe de galettes en matière plastique récupérées par l’artiste, elles évoquent à la fois des toupies quand elles sont posées sur leur pointe, et des bouses de vache, assises sur leur plat côté. Peut-être est-ce l’influence gadoueuse du promontoire où est construite la chapelle, peut-être est-ce un hasard, mais ici, pour la première fois dans cette édition, la terre et ses entrailles prennent le dessus sur la pierre.